Premières semaines à Québec (2ème partie)

Centre de la Basse-Ville de Québec

[Update 19/07/2014 : un ami m’a fait remonter une erreur et une remarque utile. Merci Benjamin!]

Deuxième partie de mon débriefing post-arrivée à Québec ! Si vous ne l’avez pas lue, vous pouvez retrouver la première partie ici : Premières semaines à Québec (1ère partie).

Cette fois-ci, je traite du travail, de l’immobilier et de la banque. Comme je l’ai déjà dit, je suis peut-être passé à côté de certaines choses sans les noter, alors n’hésitez pas à me laisser vos remarques en commentaire ou à me le dire via Twitter @invvard.

Bonne lecture !

Travail

Je ne sais pas si c’est partout pareil, mais à Québec, l’heure de pointe avec les bouchons et tout le tremblement, c’est à 16h. Oui, vous avez bien lu : 16h ! Ici, les gens travaillent pour vivre mais ne vivent pas pour travailler. Le présentéisme à la française n’a pas cours, et vous ne serez pas mieux vu si vous faites des heures supplémentaires. Si vous voulez être bien vu, faites votre boulot dans le temps qui vous est imparti, et ensuite, rentrez profiter de votre famille, de vos amis, etc.. Bien entendu, il peut y avoir des « coups de bourre » où il sera nécessaire de rester après les heures règlementaires, mais cela reste exceptionnel.

Allez, juste pour enfoncer un peu plus le clou sur l"Distributeurs" de friandisese fait que les québécois sont des bisounours : ce que vous voyez ci-contre est le « distributeur » de barre chocolatées et autres friandises de mon boulot. Il est en libre-service, non surveillé, dans la salle de repos commune à plusieurs services (environ 50 ou 60 personnes peuvent s’y croiser). Tout ceci est bien entendu payant et les prix sont affichés sur la feuille en haut à droite de l’armoire. Lorsque quelqu’un se sert, il paie son dû dans la caisse (située sur l’étagère du milieu). Cette dernière n’est même pas attachée ! En France, je pense que ce système s’écroulerait au bout de 15 minutes : tout aurait disparu et on retrouverait la caisse éventrée, vidée de ses 2€ payés par une personne ayant des scrupules de prendre 20€ de Snickers… Ici, ça fait plusieurs années que ça tourne.

Immobilier

Pour les nouveaux arrivant, il faut vous préparer : oubliez tout ou presque ce que vous savez sur la recherche de logement. Que ce soit dans les démarches, le prix du marché ou les commodités, toutes vos habitudes et automatismes seront inutiles…

Pour commencer, à part quelques exceptions, ne vous attendez pas à trouver des annonces avec une surface habitable. Ici, tout est indiqué en nombre de pièces, comme par exemple un appartement 3½. Le ½ indique la présence d’une salle de bain et le 3 qu’il y a 3 pièces incluant 1 ou 2 chambres, salon et peut-être une cuisine à part. En fait, il ne faut pas chercher à faire des conversions, choisissez une taille d’appartement, envoyez des demandes de visites et faites-vous un avis sur place.

Un aspect de la location qui change énormément par rapport à la France : les baux ne peuvent pas être interrompus. La plupart courent du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante (c’est historique : moving day). Si vous voulez quitter votre appartement entre ces deux dates, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Payer le reste des mensualités jusqu’à la fin du bail,
  • Trouver quelqu’un qui acceptera de sous-louer ou de reprendre le bail (les deux sont autorisés au Québec),
  • Avoir un propriétaire sympa qui acceptera de rompre le bail selon certaines conditions qui peuvent être négociées.

Dans la grande majorité des cas, c’est la deuxième solution qui sera choisie. La sous-location se fait très facilement ici et les opportunités sont nombreuses. Les baux ont donc une durée fixe de 1 an, reconductibles de manière non tacite entre mars et avril au plus tard. Le processus est initié par le propriétaire entre le 1er janvier et fin mars, et une fois que vous avez reçu sa missive, vous avez deux mois pour donner votre réponse. Sans réponse de votre part, le bail est rompu renouvelé.

Autre particularité, les propriétaires sont souverains dans leur choix et l’accès à leur appartement : ils peuvent refuser de vous louer un appartement s’ils le souhaitent. Ainsi, si un appartement est loué comme non-fumeur et que vous vous mettez à fumer à l’intérieur, le bail peut être rompu et vous serez sommé de quitter le logement. Idem pour les animaux. Ici, il n’y a pas de caution alors si un propriétaire considère que vous ne respectez pas son bien, il a le droit de vous empêcher de le dégrader, et donc de vous vider des lieux.

Une dernière chose, le marché est beaucoup moins cher qu’en France, que ce soit au niveau de la location ou de l’achat. Pour vous donner une idée, mon appartement fait environ 50m² (c’est un 3½) avec une petite terrasse, il est meublé intégralement (jusqu’aux draps de lit et serviettes de toilette) avec les équipements électroménager, l’hydro (terme canadien qui rassemble chauffage et eau chaude) est inclus ainsi que Internet (illimité avec une bande passante de 10Mbit) et il est bien situé. Le tout pour 950$ ce qui correspond à 650€.

Banques

Frais d'utilisation des services chez DesjardinsCertains voulaient des points négatifs, ils vont être servis ! Tout d’abord, à ceux qui ne font pas leurs comptes : venir au Canada pourrait vous coûter cher ! En effet, tout vous sera facturé.
Vous voulez déposer ou retirer 20$ au guichet ? 0.65$ !
Vous retirez de l’argent sur le DAB d’un concurrent ? 3$ !
Vous oubliez de payer votre facture de crédit ? Ce sera 19.9% TEG annuel !
Autant vous dire que ça peut rapidement chiffrer si on ne fait pas attention. Il est possible d’éviter tous ces frais, mais il faut souscrire à un forfait annuel, bien sûr.

Je ne sais pas vous, mais pour moi, faire un crédit c’est pour acheter une voiture, une maison ou un Mac… Au Canada et a fortiori, en Amérique du Nord, tout est à crédit. En fait, tout le monde a deux cartes bancaires : la carte de débit (retrait de liquide, paiement en magasin, accès aux locaux de la banque) et la carte de crédit. Cette dernière vous permet de payer vos achats sans taper dans vos économies. C’est génial, n’est-ce pas ? Oui, sauf que vous avez 30 jours pour payer la note, sous peine de voir tomber des intérêts de 19.9% annuels (ex. : pour une facture de 100$ non honorée, cela représente 5cts par jour). Vous allez me dire : « Ben, il suffit de pas l’utiliser ! CQFD ! #GénieDeLaFinance ».
Bah non, car à l’instar de SEGA, la banque, c’est plus fort que toi ! Si tu n’utilises pas ta carte de crédit, tu ne fais pas monter ta note de crédit. Et la note de crédit, c’est la base du système financier nord-américain. Pour s’abonner à HydroQuébec (équivalent EDF-GDF) ou dans une salle de sport, pour acheter une maison, pour s’acheter une voiture, pour s’acheter un Mac, votre note de crédit sera consultée, afin de savoir si vous êtes un bon ou un mauvais payeur… En bref, vous êtes obligé (à moins d’être un vrai rebelle, d’adorer marcher, de se laver au boulot, de vivre dans un carton et d’avoir un Chromebook). Mais là, il existe un moyen simple de ne pas se faire « avoir » : il suffit de faire ses comptes régulièrement, de payer ses factures en temps et en heure, et surtout de ne pas dépenser l’argent que vous n’avez pas. Rigolez, mais ce n’est pas évident pour tout le monde.

En résumé, le mauvais gestionnaire aura facilement une facture annuelle de 500$, alors que le bon gestionnaire, il voit un truc, il tire aura facilement une facture annuelle de « seulement » 80~100$.

Point positif (quand même !), le service est aux petits oignons : pas de numéro surtaxé pour contacter sa banque, pas ou peu d’attente pour les rendez-vous (et si c’est le cas, on vous propose une boisson pour patienter), les conseillers sont toujours disponibles, etc.

Edit : certaines banques proposent de payer les factures automatiquement, vous évitant ainsi d’avoir à y penser.

A suivre…

Voici la fin de la deuxième partie. La suite est ici : Premières semaines à Québec (3ème partie) !

Si vous avez des remarques ou des suggestions, je serai ravi de vous lire dans les commentaires ou via Twitter @invvard 🙂