Avant de commencer, il faut que vous sachiez une chose sur moi : je préfère l’hiver à l’été. Les pistes de skis m’attirent plus qu’une plage de sable de fin…
Alors comment c’était ?
C’était l’hiver le plus froid depuis 115 ans ! Durant le mois de février, nous avons eu droit à 25 jours d’affilé avec une température relevée en dessous des -20, ainsi qu’un record enregistré à -36.7 (la plus froide depuis 1941). Ajoutez à cela, le vent et l’humidité, et vous obtenez du ressenti aux alentours des -30. La contrepartie avec des températures aussi extrêmes, c’est qu’il n’a pas beaucoup neigé : à peine 24 centimètres contre 63.2 centimètres en temps normal (source : climat-Québec).
A ces températures, il faut toujours être vigilant surtout au niveau des extrémités. Si vos chaussures ne sont pas imperméables et que vos pieds sont mouillés, dépêchez-vous de rentrer au chaud et de les quitter. Vous sortez vos mains de vos gants pour un selfie ? Il faut moins d’une minute pour que vos doigts soient frigorifiés. Sans rire, ça m’est arrivé : je voulais prendre une vidéo d’une descente en bouée. Arrivé en bas de la piste, j’ai commencé à ne plus rien sentir au bout des doigts. C’est vraiment flippant. Heureusement, la brûlure de l’onglet au bout de quelques minutes vous rappellera que vos doigts sont toujours là et bien vivant !
Comment se protéger ?
Vous l’aurez compris, il ne vaut mieux pas sortir léger ! La base : il vous faut des bottes et des bonnes de préférence. Je me suis équipé le jour de la première chute de neige. Je n’y suis pas allé par 4 chemins : direction Latulippe (l’équivalent de Décathlon) avec mon ami Simon, québécois de naissance et de coeur, comme conseiller de haut-vol. Après 15-20 minutes à regarder les dizaines de modèles exposés (le marché de la botte n’est pas pris à la légère), j’alpague un vendeur, lui montre le modèle qui me semble le plus à même d’assurer la survie de mes petons, et après un rapide test, j‘ai trouvé mes meilleures amies pour l’hiver : des bottes « The North Face » assurées jusqu’à -32 degrés. Avant de me laisser repartir, le vendeur me conseille de ne porter que des chaussettes en laine dans ces chaussures. Pourquoi ? Tout simplement car, après un passage en intérieur, même en ayant transpiré, la laine continuera de garder vos pieds au chaud, là où des chaussettes en coton ou synthétique les transformeront en Mr. Freeze. « OK, mettez m’en 4 paires ! »
Coût de l’opération : 226$ taxes comprises (207$ pour les chaussures seules).
Pour les sorties quotidiennes (trajet jusqu’au boulot, épicerie, etc.), il vous faudra un manteau chaud, une écharpe ou un tour de cou, un bonnet (une tuque en bon québécois) et bien entendu des gants. Pour le manteau, j’avais amené celui que je portais en France : un Salomon mis à l’épreuve du glacier des 2 Alpes et de la Plagne. A l’époque, la bête m’avait coûté 280€ TTC, mais je n’ai jamais eu à regretter cet achat ! Un accessoire à ne pas négliger : la capuche imperméable car en cas de chute de neige, cela évitera que votre bonnet ne soit trempé. Pour les gants, une paire en cuir rembourrée me suffisait la plupart du temps, mais si je savais que j’allais passer du temps dehors, je sortais la paire de moufles avec sous-gants. Pour l’écharpe et le bonnet, privilégiez toujours la laine : à capacité calorifère égale, la laine vous coûtera nettement moins chère que des matériaux synthétiques.
Enfin, pour les activités en extérieur dont la durée excède 30 minutes, un pantalon de neige bien chaud et imperméable est indispensable. Un plus : le legging technique (les joggers savent de quoi je parle) pour porter en dessous du pantalon afin d’éviter le contact direct avec les matériaux de ce dernier.
Attention : même avec le meilleur matériel du monde, dès lors que vous resterez immobile sur la neige, vous aurez froid car la semelle de vos bottes va irrémédiablement se refroidir, et une fois les extrémités exposées, c’est très difficile de se réchauffer sans rentrer au chaud ou en réduisant la surface de contact avec la neige.
Que faire en hiver ?
Bon, maintenant que nous sommes équipés, ce n’est pas pour passer l’hiver enfermé ! Outre les bars et les restaurants qui organisent de nombreux évènements en rapport avec la saison (mention spéciale aux bars de glace qui surgissent un peu partout en ville), vous pourrez notamment participer au Carnaval de Québec. C’est un évènement qui s’étale sur les deux premières semaines de février, avec pour vedette Bonhomme, la mascotte, durant lesquelles toute la ville se transforme pour accueillir des châteaux de glace (plusieurs mètres de haut), des concours de sculptures sur glace, descentes de pistes sur bouées, défilé de chars, et enfin, un truc de malade : les courses de canaux sur glace. Les gens qui participent à cette course sont fous. Je ne vois pas d’autre explication : imaginez-vous, des morceaux de glace allant de quelques kilos à plusieurs tonnes, qui se déplacent au gré du courant du Saint Laurent et sur lesquels une douzaine d’équipage de 5 personnes se tirent la bourre d’une rive à l’autre ! Un faux pas et ils passent dans un trou d’eau, trou d’eau qui peut disparaître en quelques secondes à cause du courant… La personne qui a inventé ce sport a dû manquer d’oxygène à un moment de sa croissance, ce n’est pas possible autrement.
Le pass illimité pour toutes les activités vous coûtera 15$ pour toute la durée du Carnaval.
Le Village Vacances Valcartier est un parc aquatique en été qui transforme ses toboggans en glissades l’hiver. J’y suis allé avec mon entreprise et c’est vraiment sympa à faire, surtout en groupe ! Équipé d’une chambre à air, vous allez dévaler des pentes dignes d’une station de ski. Certaines permettent d’atteindre les 80Km/h et c’est vraiment impressionnant !
Il vous en coûtera 30$ pour une journée.
Dès que la température se stabilise en dessous de zéro, une équipe d’ouvriers s’affaire nuit et jour pendant plusieurs semaines pour faire surgir un Hôtel de glace de près de 3000m2, pour une quarantaine de chambres disponibles (oui, oui, les gens payent pour dormir dans cet hôtel où la température oscille entre -5 et -3 !). Vous ne serez pas obligé d’y dormir pour pouvoir parcourir les chambres (chacune possédant sa propre décoration) car des visites sont organisées tous les jours. Je n’ai pas eu l’opportunité de m’y rendre cet hiver mais cela fait partie de mes priorités pour le prochain. La visite vous coûtera environ 20$. Pour une nuit, le tarif se trouvera entre 400$ et 550$. Par personne.
Bien entendu, vous pourrez dévaler les pentes des différentes stations de ski à proximité de Québec : Mont Sainte-Anne, Massif de Charlevoix et Stoneham. Je n’ai pu essayer que les deux premières mais, pour moi qui adore dévaler les pistes, j’ai été agréablement surpris par la qualité de celles-ci : elles sont bien tracées, agréables à skier et assez variées niveau difficulté pour contenter les skieurs de tous niveaux. Et cela va sans dire, la neige est abondante ! Les forfaits sont assez onéreux cependant : environ 75$ la journée.
Enfin, l’hiver à Québec est aussi synonyme de curling, hockey et patinoires ! Il existe plusieurs pistes de curling disséminées aux alentours de la ville. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’essayer mais je ne dirais pas non quand ce sera le cas. Dès lors que la température est négative, les patinoires fleurissent sur la plupart des places principales de la ville. La plupart sont gratuites si vous avez vos propres patins. Enfin, que ce soit en club ou en diffusion télévisée, le hockey est omniprésent et le rythme des matchs est impressionnant : les équipes peuvent jouer jusqu’à 3 matchs par semaines !
Mensonges ! Tu nous vends du rêve !
J’avoue, tout n’est pas rose… Les deux plus gros problèmes de l’hiver québécois : la slush et le sel (appelé ici, le calcium, va savoir pourquoi…) ! La slush, qu’est-ce que c’est donc ? C’est un mélange de neige fondue, de sel et de boue qui se mixe sur les trottoirs et la route dès qu’il y a un redoux. Cela forme des mares immondes et dès que l’on marche dedans cela produit ce bruit caractéristique qui lui a donné son nom : « sluuuuuuush ». Mais la meilleure partie, c’est quand ça regèle, un vrai régal… Quant au sel, c’est un mal nécessaire pour éviter de se bouffer le trottoir tous les 3 pas. Pour ça, les gars de la voirie ne sont pas avares ! À peine un pied dehors, vous en aurez sur les chaussures, le pantalon, dans vos poches, dans votre sac à dos, les cheveux… Si vous avez des chaussures qui ne sont pas recouvertes d’une matière synthétique (les miennes en sont recouvertes jusqu’à mi-hauteur), elles ne passeront pas l’hiver ! Vous êtes prévenus.
Une autre chose désagréable : votre peau va se transformer en parchemin à cause de l’humidité et du sel (il se fout partout je vous dis) ! Donc baume à lèvres, crème hydratante pour les mains et pour les plus sensibles, du savon spécial peau sèche diminuerons grandement les impacts !
Mais bon, c’pas si pire l’hiver québécois
Comme vous l’aurez compris, bien couvert, l’hiver québécois ça passe bien. Et dès que l’on trouve le courage de sortir, on ne s’ennuie pas !
On va encore me taxer de prosélytiste mais voici deux phrases qui m’ont fait rire en rapport avec l’hiver :
« Il n’y a pas de journées froides à Québec, juste des gens trop peu couverts«
« Il y a bien 4 saisons à Québec : l’hiver, encore l’hiver, encore c’t’ostie d’hiver et la saison des travaux routiers«
Enfin, avant de vous laisser, voici quelques photos extraites de mon fil Instagram ou prises par un couple d’amis PVTistes, Lucie et Sylvain (allez lire leur blog, il y a pleins d’articles sympas avec moultes photos).