Premières semaines à Québec (5ème partie)

Ceci n'est pas le Centre de JarodCinquième et dernière partie de mon débriefing post-arrivée à Québec ! Si vous ne les avez pas lues, vous pouvez retrouver les parties précédentes ici :

Cette fois, je me suis intéressé à la « connectivité » du Québec, à savoir l’offre Internet et mobile, ainsi que la couverture réseau. A mon arrivée, j’ai fait pas mal de recherches sur le sujet, mais si vous repérez une erreur ou un manque important n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires ou sur Twitter (@invvard).

Introduction

Avant de rentrer dans le vif du sujet, je dois avouer une chose : à l’heure actuelle, si je devais dire quel est le plus gros défaut du Québec, je citerai sans aucune hésitation ce sujet. Le retard de ce pays en matière de connectivité est impressionnant, mais attention, pas au niveau infrastructure ou technologie, non, je parle en terme d’offre commerciale. Pour un(e) français(e) qui débarque au Québec, c’est un bon en arrière de 10 ans pour Internet et 4 ans pour le mobile. Et ça fait mal…

Internet

Comme je le disais en introduction, les infrastructures et la technologie sont tout à fait actuelles : on parle de réseaux fibrés omniprésents, de Wifi dernière génération, etc. Mais là où en France, toutes les offres tournent autour de 30~40€ (environ 45~55$ TTC) pour du triple play (ADSL 25Mbps, téléphone et TV). À Québec ainsi que dans le reste du Canada, cela tourne autour de 140$ chez la plupart des grands opérateurs (Bell, Videotron, etc.) pour sensiblement la même chose. Heureusement, pour ce prix, l’option « téléchargement illimité », normalement à 10$ HT, est incluse. J’ai failli avoir peur…

Cependant, en cherchant un peu, vous trouverez des offres abordables mais ce sera uniquement pour Internet. Ainsi, si une connexion 25Mbps/10Mpbs vous suffit, et en vous passant du téléphone et de la télé, vous pourrez trouver des offres intéressantes (j’entends par là « pas trop l’arnaque ») aux alentours de 50~60$ HT. A l’heure où j’écris ces lignes, deux opérateurs locaux ont retenu mon attention :

Attention, je ne parle pas de qualité du réseau ou de service client, juste de l’offre sur le papier. Les deux offres sont globalement similaires car si le premier est 10$ plus cher, il n’y a pas de quota comme chez le concurrent.

D’ailleurs, un mot sur les quotas. Celui-ci augmente logiquement avec le débit de votre connexion : 10Mbps en descente, vous avez 150Go par mois. 25Mpbs, vous montez à 250Go. On peut se dire que c’est énorme mais en fait, pas tant que ça : une vidéo YouTube en HD de 4-5 minutes peut atteindre les 200Mo. Tous les sites que nous visitons, Facebook, Twitter, Instagram et j’en passe, vous proposent un contenu riche et dynamique, mais qui impactera fortement votre quota. Ajoutez à cela, un abonnement Netflix pour regarder quelques séries, et le téléchargement de quelques films de famille (dont celle du mariage du cousin Lanister et celle de l’oncle Michel Baie qui joue avec des robots voitures) et vous avez consommé tout votre quota…

Mobile

Vous rappelez-vous de la jungle des forfaits mobile avant que Free n’obtienne sa licence 3G ? Quel souvenir gardez-vous des méthodes d’alchimistes que pratiquaient nos chers opérateurs Orange, Bouygues et SFR ? Pas une semaine ne se passait sans qu’un nouveau forfait ne fasse son apparition avec un peu plus de ceci, mais un peu moins de cela, mais avec possibilité de prendre 5 doses de poudre de perlimpinpin pour contrebalancer le changement de tarif de 3.41%. Ca y est, ça vous revient ? Et bien ici, à Québec, en fait de souvenir, c’est la réalité ! Yeaaaah, wouhouuuu, #bonheur, #joie, #pendaison…

Le paysage québécois se décompose de la manière suivante. 3 grands opérateurs : Bell, Rogers et Telus. On a ensuite des challengers comme par exemple Videotron (une boîte de location de vidéo qui a pivoté vers les télécommunications. Blockbuster aurait peut-être dû regarder son voisin canadien… Bien joué). A ceux-ci viennent s’ajouter des filiales low-cost ou des MVNO comme Fido, Koodo, etc. Voilà pour le décor.

Chacun de ces opérateurs propose un nombre incalculable d’offres, auxquelles viennent se greffer une myriade d’options. Cette multiplication des offres, comme à la grande époque du cartel du mobile français, rend leur comparaison très difficile, voire impossible. Il faut donc bien évaluer votre besoin, cadrer les points importants et poser un budget. Ensuite, vous pourrez éplucher les offres, tenter de rationaliser le tout afin de trouver le dénominateur commun qui s’approchera le plus de vos paramètres. Easy !

Niveau tarif, à l’instar de l’Internet résidentiel, c’est la fête… Oubliez vos forfaits 3G (ou 4G) tout illimité avec 3Go (ou 15Go) de data en fair use à 20€/mois. Ici, le standard de quota data mobile, c’est 1Go. Par mois. Et si vous dépassez, pas de bridage : ce sera 10$ par tranche de 500Mo supplémentaires. A mon arrivée, j’ai bien entendu pris une SIM (c’est dingue comme la 3G est pratique pour se déplacer, trouver ses horaires de bus, s’orienter dans une ville inconnue, etc.). J’ai jeté mon dévolu sur Fido et je pense m’en être bien tiré : appels illimités avec les appels interurbains inclus, SMS/MMS illimités et envois de SMS à l’international inclus, réseau 4G avec 1Go de data, le tout pour 47.50$/mois sans engagement (comptez au minimum 6$ de plus si vous prenez un téléphone subventionné et vous serez engagé(e) pour 24 mois).

Pour la blague, sachez que 3 semaines plus tard, le prix de base de ce forfait a pris 5$, alors qu’il est resté en tous points identique. La raison de cette augmentation ? Serait-ce la flambée du prix du baril de méga-octet ? Ou bien l’abaissement de la note de la solvabilité du SMS par Standard & Poor’s ? Peut-être une offensive de Bell sur la bande de fréquences ? Rien de tout ça : ils ont ajouté une variante à 500Mo/mois qui a pris la position tarifaire de la version 1Go. Tout simplement… Je ne sais pas vous, mais quand je découvre des choses comme ça, j’ai envie de sortir un forfait « insultes en très haut débit » avec option « mandales illimitées » à destination des commerciaux de Fido.

Dernier point important concernant les mobiles : ici comme sur tout le continent nord-américain, les exclusivités appareils/opérateurs sont monnaies courantes. Ainsi, si vous bavez sur le prochain flag ship de Samsung ou HTC, il y a fort à parier qu’il vous faille attendre plusieurs semaines (voire mois) après sa sortie officielle pour qu’il soit disponible chez votre opérateur, car il sera en exclu chez le concurrent pour une durée déterminée. L’alternative est de passer chez ce dernier, mais encore faut-il ne plus être engagé…

Réseau

Présenté comme ça, le tableau est assez sombre, mais il y a aussi de bons côtés : entre le prix à payer et les restrictions d’utilisation, il résulte une qualité de service proche du sans faute. Ainsi, quelle que soit l’heure, le débit ne varie jamais : c’est presque du débit garanti ! Niveau infrastructure de l’Internet résidentiel, le Québec est bien plus en avance que la France au niveau du déploiement de la fibre : la quasi-totalité des grandes agglomérations sont fibrées. Par contre, comme les débits proposés ne nécessitent pas d’avoir la fibre chez soi (FTTH pour « Fiber To The Home »), le déploiement se cantonne au quartier (FTTN pour « Fiber To The Neighborhood »). En tous cas, vous pouvez regarder vos vidéos YouTube en HD sans avoir à attendre que la barre grise prenne un peu d’avance (coucou Free :D).

SpeedtestDu côté du mobile, le constat est identique : le déploiement de la 4G est largement plus avancé qu’en France. Le débit est généralement très bon (voir le speedtest ci-contre) et je n’ai jamais remarqué de « trous » de réseau. Cependant, il faut savoir que les fréquences 3G/4G européennes et nord-américaines ne sont pas les mêmes. Ainsi, à votre arrivée, vous pourrez utiliser votre téléphone d’origine mais, tout comme je l’ai expérimenté, vous aurez un service dégradé : selon les quartiers, vous devrez vous contenter d’une connexion Edge voire aucune couverture réseau, car votre appareil ne sera pas en capacité de capter les fréquences utilisées. Si vous planifiez de rester ici plusieurs mois, il est préférable d’investir dans un téléphone « local » qui sera compatible avec les bandes de fréquences canadiennes.

Enfin, sachez que les hotspots Wifi publics sont omniprésents. Par exemple, tous les arrêts importants du réseau RTC (voir la 4ème partie de ce dossier) bénéficient de ce service. A Québec, c’est le fournisseur Zap Québec qui est chargé de déployer ces hotspots. Ils équipent les arrêts de bus, les hôtels, les restaurants, etc. Et beaucoup de bars et de lieux publics n’hésitent pas à déployer leur propre infrastructure pour attirer les clients. Vous n’aurez peut-être pas un quota de data mirobolant dans votre forfait mais vous pourrez malgré tout profiter d’Internet en situation de mobilité !

Conclusion

Vous l’aurez compris, Internet ici coûte cher : pour un forfait quadruple play équivalent, le français va débourser entre 50 et 60€ et le québécois aux alentours de 200$. Je plains les familles nombreuses avec 3 adolescents… Les chasseurs de bons plans trouveront des solutions qui leur permettront de raboter quelque peu la facture mensuelle, et les autres, il faudra vous y mettre si vous ne voulez pas vous faire saigner à blanc par ces bandits des télécoms !

Nous voici arrivés au terme de ce dossier. Je pense avoir couvert la grande majorité des points qui m’ont étonné, amusé, énervé (là, c’est de cette partie-ci que je parle) voire émerveillé, et qui font partie du quotidien de tout(e) nouvel(le) arrivant(e). Il y aurait certainement encore beaucoup à dire sur de très nombreux autres sujets, mais comme je l’ai répété quelques fois : je ne voudrais pas vous gâter toutes les surprises (je vous ai laissé les bonnes, hein !). En tous cas, j’espère que ces 5 parties vous ont plus (si vous lisez ceci, j’imagine que oui !) et qu’elles vous auront donné envie de venir visiter ce beau pays ou, si la décision est déjà prise, de rendre votre arrivée un peu plus sereine.

Et si vous passez à Québec, n’hésitez pas à me faire signe via Twitter ou dans les commentaires, je suis toujours OK pour aller boire un verre !

Je vous laisse avec les quelques photos prises ces derniers jours (ceux qui me suivent sur Twitter ou Instagram en auront peut-être déjà vu certaines).